Mauvais traitement des réfugiés afghans en Iran

Mauvais traitement des réfugiés afghans en Iran

Par Abubakar Siddique

8 avril 2022

Antécédents d'abus

Ce n'est pas la première fois que des vidéos apparaissent qui semblent montrer les mauvais traitements infligés aux migrants afghans en Iran.

Humiliations et violences

Les vidéos comprennent des images montrant prétendument un Iranien non identifié humiliant un adolescent afghan désemparé.

"Dis que tu manges de la merde", crie l'homme dans la vidéo granuleuse. Il ordonne ensuite à l'adolescent afghan de se lever et de s'asseoir à plusieurs reprises.

Une autre vidéo virale semble montrer un chauffeur iranien saisissant un Afghan par le bras et brandissant un cutter. Le chauffeur force l'homme à proférer des grossièretés contre les Afghans.

Pendant ce temps, une autre vidéo semble montrer les conséquences d'une attaque de foule présumée contre une voiture transportant des migrants afghans dans la ville centrale de Yazd, en Iran. Les images montrent les vitres brisées du véhicule.

L'apparition des vidéos a suscité une déclaration des talibans, le groupe militant islamiste qui a pris le pouvoir en août.

"Nous exhortons la République islamique d'Iran à ne pas harceler les réfugiés afghans", a déclaré le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid à la BBC Persian le 5 avril.

Mujahid a également appelé Téhéran à cesser d'expulser de force des réfugiés afghans et a critiqué les tactiques brutales des gardes-frontières iraniens, qui ont été accusés d'avoir battu et harcelé des ressortissants afghans.

Faizanullah Nasiri, un haut responsable du ministère taliban des Affaires étrangères, a rencontré des diplomates iraniens à Kaboul le 6 avril pour discuter « du traitement des Afghans par les forces frontalières et les responsables administratifs [iraniens] », selon un porte-parole du ministère.

Sultani a déclaré qu'Amnesty International avait documenté des cas de forces de sécurité iraniennes frappant des Afghans essayant d'entrer en Iran. "Cela a entraîné des refoulements et des blessures et parfois la mort d'Afghans, ce qui viole le droit international", a-t-il déclaré.

Il a déclaré que les expulsions violent l'interdiction internationale de renvoyer des personnes dans des pays où elles sont susceptibles d'être maltraitées, connue sous le nom de non-refoulement.

Sayed Abbas Badrifar, responsable des médias à l'ambassade d'Iran à Kaboul, a affirmé que les vidéos circulant sur les réseaux sociaux ne reflétaient pas la réalité et visaient à saper les liens entre les deux pays voisins.

« Ces vidéos ne peuvent pas être utilisées pour juger du traitement des réfugiés afghans en Iran », a-t-il déclaré, cité par la chaîne indépendante afghane Tolo News.

Depuis qu'ils ont pris le pouvoir, les talibans ont tenté de s'attirer les faveurs de l'Iran, un partenaire commercial majeur et une puissance régionale.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, s'exprimant en Chine la semaine dernière, a déclaré que 5 millions d'Afghans résident actuellement en Iran. Il a appelé les donateurs étrangers et les organisations internationales à « allouer de nouvelles ressources » aux réfugiés afghans dans le pays.

En juin 2020, la police iranienne a ouvert le feu sur une voiture transportant des migrants afghans, la faisant exploser en flammes. Trois Afghans ont été tués et cinq blessés. Les autorités iraniennes ont déclaré que la police avait tiré sur le véhicule parce qu'elles soupçonnaient qu'il transportait de la drogue et des migrants sans papiers.

Un mois plus tôt, des dizaines d'Afghans sont entrés illégalement en Iran et ont été détenus par des gardes-frontières iraniens qui les auraient battus, torturés, puis forcés à sauter dans le Harirud, un fleuve de 1 100 kilomètres partagé par l'Afghanistan, l'Iran et le Turkménistan. Beaucoup d'entre eux se sont noyés.

Les deux événements ont conduit les Afghans à manifester dans la rue et sur les réseaux sociaux pour dénoncer les autorités iraniennes.

Des groupes internationaux de défense des droits de l'homme ont documenté des années de violations contre des réfugiés et des migrants afghans en Iran, notamment des violences physiques, la détention dans des conditions insalubres et inhumaines, le paiement forcé du transport et de l'hébergement dans des camps, le travail forcé et la séparation des familles.

En 2015, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a publié un décret autorisant tous les enfants afghans à aller à l'école. Mais les Afghans se voient toujours refuser de nombreux autres services de base, notamment l'accès aux soins médicaux, à l'emploi et au logement.

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Publié dans Droits de l'homme, Relations Iran-Afghanistan, Réfugiés et migrants, Taliban